Les journaux de Sentinelles des mois de juin et d’août sont en ligne

Entendez-vous leur voix ?
Le 14 février 2025, les forces rebelles du M23 soutenues par des troupes rwandaises sont entrées dans Bukavu, la deuxième grande ville de l’Est de la République démocratique du Congo, sans rencontrer de résistance, les militaires s’étant repliés, abandonnant leurs armes et uniformes. Depuis lors, la peur et le chaos règnent, les meurtres nocturnes se multiplient. Au petit matin, les habitants effarés découvrent des corps sans vie, exposés aux yeux de tous. Personne n’est en mesure de déterminer les circonstances exactes de ces meurtres, qui resteront sans doute impunis. Il n’y a plus de prison, plus de tribunaux et quasiment plus de policiers. Plusieurs mois après la prise de Bukavu, la situation sécuritaire et humanitaire demeure critique. En juin, le Haut-Commissionnaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a décrit à Genève « des violations et atteintes aux droits humains d’une ampleur et étendue effroyables ». Est-ce que d’autres voix s’élèveront pour les dénoncer ? Nous portons aujourd’hui celles d’enfants et de femmes atteints dans leur intégrité physique et mentale, celles de jeunes hommes enrôlés de force, celles de familles entières brisées.
Vous le lirez dans cette édition, cette crise profonde ne date pas de ce début d’année. L’exploitation des richesses naturelles de cette région alimente un cycle infernal de souffrances pour les populations locales. La communauté internationale doit s’engager fermement pour une paix durable, fondée sur la justice et le respect des droits humains.
Et comment, alors que l’actualité nous submerge de tragédies, ne pas évoquer aussi celle qui frappe Gaza ? Comment trouver les mots pour dire que notre indignation ne faiblit pas, que notre solidarité ne connaît pas de frontières ? Lorsqu’un peuple traverse un tel drame, la mobilisation internationale devient essentielle. Il y a plus de 25 ans, Edmond Kaiser, fondateur de Sentinelles, en appelait déjà au Conseil fédéral pour qu’il agisse là où l’humanité était bafouée. Aujourd’hui, nous publions exceptionnellement deux courriers : l’un, adressé à notre Conseiller fédéral Ignazio Cassis, exhorte la Suisse à faire respecter le droit international et à veiller à l’accessibilité de l’ensemble de la population de Gaza à l’aide humanitaire ; l’autre, la réponse officielle, apparaît particulièrement réservée et manque cruellement d’engagement.
Loin de tout fatalisme, nous voulons croire que la parole et l’action peuvent encore changer le cours des choses. Fidèles à nos valeurs, nous continuerons de témoigner, d’agir, d’unir nos forces à celles de nos partenaires pour défendre la dignité humaine.
Merci de votre contribution, si précieuse, à nos efforts.
Marlyse Morard, directrice